Muriel Pénicaud a été interviewée par Antonis Papagiannidis dans Econmoiki Epitheorissi, la revue de référence de l’économie en Grèce, sur le thème du "Futur du Travail".
En voici quelques extraits :
L'avenir incertain du travail
" L'intensité et la rapidité des changements nous submergeront. Attention : un milliard d'emplois – d'ici à dix ans, mais l'évolution est déjà en marche ! – seront créés, supprimés ou transformés. Même si l'on considère que la transformation des emplois touchera la majorité, l'impact sera considérable. Dans les pays développés, entre 50% et 80% des emplois seront concernés. Il ne s'agit pas de prévisions strictes, mais la combinaison des chiffres du FMI, de l'OCDE, de la Banque mondiale et d'autres organismes nous permet d'obtenir cet ordre de grandeur".
Le choc démographique
"Dans l'hémisphère nord, en Europe, en Amérique, au Japon, en Russie et même en Chine, la croissance démographique ralentit. Parallèlement, l'espérance de vie continue d'augmenter, même si ce n'est pas le cas partout. Une bonne nouvelle pour tous ! Mais cela aura un impact considérable sur la transformation des sociétés. Il y aura plus de retraités que de jeunes, plus de personnes actives. Et, si l'on transpose cette question au monde du travail, nous manquerons de ressources humaines. Davantage de personnes âgées et de femmes devront travailler".
Le boulersement de l'IA
"L'intelligence artificielle va bouleverser le monde du travail : toutes les entreprises, où qu'elles soient implantées, seront touchées. Cette fois-ci, ce sont les emplois de bureau, et non les emplois manuels, qui seront les premiers impactés. Cela ébranlera les économies qui, comme la France, sont devenues des économies de services. Les services seront durement touchés : ce sont surtout les employés, les cadres, les managers – les personnes spécialisées, et non celles qui le sont moins".
Le défi écologique
"Je crois que, tant en termes de réduction de l'empreinte carbone, de vagues de chaleur et de biodiversité que de réchauffement des eaux, nous pouvons tous constater les résultats concrets : la Méditerranée a traversé une période très difficile cette année. Ce qui est encourageant, à mon sens, c'est que les grandes entreprises et leurs chaînes de valeur ont déjà tellement progressé dans l'intégration des changements que, quoi que fassent les gouvernements, elles ne pourront plus revenir en arrière".
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